Rassemblement - 18 mois de détention pour les otages du Hamas
Le 7 octobre 2023, Almog Meir Jan, âgé de 21 ans, s’est rendu au festival de musique Supernova, organisé sur les terres du kibboutz Re’im, à deux kilomètres de la bande de Gaza. Originaire d’Or Yehuda, Almog venait de terminer son service militaire, trois mois auparavant, et s’apprêtait à travailler dans l’entreprise de high tech Ness Israel. Ses parents étaient séparés, son père, Yossi Jan, vivant seul à Kfar Saba. Almog avait passé la nuit chez ses grands-parents à Or Yehuda, aidant en particulier sa grand-mère à soigner son grand-père, récemment opéré du dos.
A 7h45, sa mère Orit Meir reçut un appel téléphonique d’Almog, indiquant qu’il entendait des tirs de tout côté, et qu’il ne comprenait pas ce qui se passait. Elle ne reçut ensuite plus aucune nouvelle.Elle apprit toutefois plus tard , par la famille d’un ami d’Almog, que celui-ci avait quitté la rave party avec cet ami, mais que les combats les ont contraints à rebrousser chemin, puis à abandonner leur véhicule. Il sera peu après, vers 12h30, identifié sur une vidéo diffusée sur Internet par le Hamas. On y voit un groupe de cinq hommes jeunes, les mains attachées,la peur dans le regard. Le 12 octobre, l’armée, après avoir analysé cette vidéo, confirmera qu’Almog était retenu captif par le Hamas à Gaza.
Depuis la mi-octobre, la famille d’Almog n’a reçu aucune information sur son sort. Elle s’est rapprochée d’autres familles de disparus, et en particulier de celle du lieutenant Hadar Goldin ,dont le corps est retenu à Gaza par le Hamas depuis 2014.
Le 8 juin 2024, des commandos des forces spéciales de la Police des frontières (Yamam) et du Service de sécurité (Shin Bet) firent irruption dans la maison du camp de Nusseirat, à Gaza, où Almog était gardé captif avec deux autres otages, Shlomi Ziv et Andrei Kozlov. L’extraction des trois otages donna lieu à des combats très violents avec les terroristes du Hamas. Le commandant du Yamam qui dirigeait l’opération, Arnon Zmora, fut gravement blessé au cours des combats et décéda peu après. Les trois otages, ainsi que la jeune Noa Argamani, libérée dans une maison voisine, furent conduits dans des conditions très difficiles hors de Nusseirat, et transportés par hélicoptère vers l’hopital Sheba à Tel HaShomer.
La mère d’Almog se précipita à l’hôpital dés que les autorités l’informèrent de sa libération. S’exprimant sur Galei Tsahal, la radio de l’armée, Orit Meir, indiqua que son fils allait aussi bien que possible, mais que le chemin d’un complet rétablissement serait encore long. Elle précisa que les ravisseurs de son fils l’informaient un peu des événements en cours et qu’il avait eu connaissance des manifestations hebdomadaires réclamant la libération des otages, ainsi que du débat consacré au recrutement militaire des jeunes membres de la communauté haredi.
Almog a été séquestré avec Shlomi Ziv et Andrei Kozlov pendant 6 mois dans une chambre sombre, sans aucun contact avec le monde extérieur. Ils ont été souvent battus, et ont été victimes de sévices psychologiques : menaces de mort, affirmation de leur abandon par Israel. Les médecins qui les ont examinés ont relevé des traces de coups, et des signes de malnutrition, comme une atrophie musculaire. Almog a toutefois pu garder la notion du temps, en dépit de sa claustration : il a pu tenir une sorte de journal, était conscient du nombre de jours de sa détention et savait quel jour surviendrait son anniversaire, ainsi que celui de sa mère. Ses ravisseurs, non sans cynisme, lui servirent un gâteau le jour de son anniversaire.
Almog et ses deux camarades étaient détenus par Abdallah Aljamal, porte-parole du « ministère » du Travail du Hamas à Gaza, qui était aussi un journaliste free lance. Il a ainsi contribué à plusieurs organes de presse dans le passé, y compris Palestine Chronicle, une publication soutenue par l’organisation à but non lucratif américaine People Media Project . A ce titre, Almog a intenté une action en justice à l’encontre de People Media Project devant un tribunal de district de l’État de Washington, dénonçant le fait que« Palestine Chronicle a employé l’agent du Hamas Aljamal et lui a offert sa plateforme américaine pour écrire et diffuser la propagande du Hamas, subventionnée en fin de compte par les contribuables américains grâce à son statut d’organisation caritative exonérée d’impôts ».
De tous les gardes du Hamas, Aljamal était le plus cruel, a indiqué Almog dans une interview donnée à la Douzième chaîne israélienne.
« Il était tout sourire, et d’un coup, il se mettait à hurler. Nous étions morts de peur à l’idée qu’il soit dans un de ses mauvais jours, et qu’à la moindre occasion, il nous punisse. »
Almogs se souvient de certaines de ces punitions : « Il prenait un bâton, nous attachait au bâton, mettait un stylo dans ta bouche et te bâillonait, sans le droit de parler ou de nous appuyer sur quoi que ce soit. » Cela pouvait durer « un jour la première fois, deux jours la deuxième, une semaine la troisième ».
Dès le début, il s’est trouvé avec Ziv et Kozlov – mais les trois premiers jours, il ne savait pas à quel était leur aspect physique car ils avaient tous les yeux bandés et personne n’était autorisé à parler. Au cours des deux premiers mois et demi, Almog a eu les mains et les pieds menottés.
Les ravisseurs a t-il expliqué, se faisaient tous appeler « Mohammed », refusant de leur donner leur vrai nom. Pour faire la distinction entre les « Mohammed », les otages les désignaient entre eux en utilisant des surnoms – « Le grand Mohammed », « Mohammed le chauve » et – pour Abdallah Aljamal, le journaliste palestinien chez lequel ils étaient séquestrés – « Mohammed aux grosses joues ».
Almog a souligné l’importance du soutien mutuel que les trois détenus se sont prodigué en ayant de longues conversations, chaque jour, sur les détails de la vie quotidienne, histoire de passer le temps. Il a expliqué qu’il leur parlait de ses rêves chaque matin. « Chaque nuit, je me souvenais d’au moins trois rêves ; c’était un peu ma routine matinale. Je me réveillais et je racontais à Shlomi ce dont j’avais rêvé la nuit précédente. Pendant au moins une heure, je lui racontais mes rêves », a t’il expliqué dans cette interview.
Almog a aussi expliqué que ses gardes menaçaient de l’envoyer dans les tunnels du Hamas s’il ne se comportait pas bien. « Ils nous disaient que la vie là-bas était effroyable, qu’on ne voyait jamais la lumière du jour. »
Il y a eu une autre victime collatérale de la séquestration d’Almog, son père Yossi Jan. Le jour de la libération d’Almog, l’armée a vainement tenté de joindre son père par téléphone. Elle a finalement pris contact avec Dina Jan, tante d’Almog. Cette dernière, ne pouvant elle-même joindre son frère au téléphone, s’est précipitée chez lui et l’a trouvé gisant dans la salle de séjour de son appartement, sans vie. Yossi Jan, 57 ans, vivait seul à Kfar Saba. Il était rongé par l’inquiétude depuis l’enlévement de son fils, était rivé devant son poste de tévision, guettant la moindre nouvelle sur le sort des otages, et avait perdu vingt kilos. Il ne voulait plus voir personne, était replié sur lui-même, dans l’attente éperdue du retour d’Almog.
« Chaque accord potentiel sur la libération des otages lui explosait au visage, lui brisait le cœur », a-t-elle précisé sur la chaîne publique Kan.
Almog n’a jamais revu son père vivant.
Almog avait été enlevé par le Hamas le 7 octobre 2023.
Il a été libéré le 8 juin 2024 par les forces de défense israéliennes.